
Le Credit Suisse licencie des milliers d’emplois et restructure ses activités afin d’endiguer ses lourdes pertes et les craintes des investisseurs.
La banque a déclaré qu’elle allait prendre “une série de mesures décisives” après les récents scandales et une perte de 4 milliards de francs suisses (35 millions de dollars) au trimestre précédent.
La banque a annoncé 9000 suppressions d’emplois au cours des trois prochaines années, mais n’a pas précisé où.
Son président, Axel Lehmann, qualifie cette transformation de “plan de réussite”.
La réaction des investisseurs a toutefois été mauvaise, les actions de Credit Suisse ayant chuté de plus de 13 % après l’annonce.
Dans le cadre de son plan de redressement, le Credit Suisse cherche à lever 4 milliards de dollars de nouveaux capitaux, dont 1,5 milliard proviendra de la Saudi National Bank.
Il prévoit également de séparer la branche d’investissement de la banque, de la relancer sous la marque CS First Boston et de réduire certaines de ses activités à haut risque.
Le nombre d’employés sera ramené de 52 000 actuellement à 43 000 d’ici la fin de 2025, avec une réduction de 2 700 au cours de l’exercice actuel. Le Credit Suisse a son siège en Suisse mais possède un centre important à Londres et emploie 5 500 personnes au Royaume-Uni.
Cette mesure permettra de réduire les coûts globaux de 2,5 milliards de francs suisses (15 %) d’ici 2025.
Elle a également créé une division “bad bank” pour accueillir les actifs à risque qu’elle souhaite liquider.
Ce sera la troisième fois en plusieurs années que le groupe, autrefois considéré comme l’une des banques les plus prestigieuses de Suisse, tente de se relancer après une série de scandales.
En février 2020, Tidjane Thiam, alors directeur général, avait quitté la banque à la suite d’un scandale de surveillance secrète. En mars de la même année, le fonds de placement Arquegos s’est effondré et le Credit Suisse a subi d’énormes pertes. La faillite de la société financière britannique Greensill Capital a également fait des ravages.
L’année dernière, le président de la banque, Antonio Horta-Osorio, a démissionné après moins de neuf mois, accusé d’avoir violé les règles de la Covid. La banque a ensuite été condamnée à une amende dans une affaire de corruption liée à la pêche au thon au Mozambique.
Cette année, la banque a été condamnée à une amende pour des allégations de blanchiment d’argent liées à un réseau bulgare de trafic de drogue, un directeur général a été remplacé et, le mois dernier, le cours de son action a subi la pression d’investisseurs préoccupés par la santé financière de la société. L’action a été divisée par deux depuis janvier.
Credit Suisse, la deuxième plus grande banque suisse, affirme que la restructuration créera une “banque plus simple, plus ciblée et plus stable”.
Ulrich Kellner, qui a repris le poste de CEO en juillet, a déclaré que les résultats de cette année ont été affectés par “des conditions macroéconomiques et de marché toujours difficiles”.
“C’est un moment historique pour le Credit Suisse, car nous remanions fondamentalement la banque d’investissement et contribuons à créer une nouvelle banque avec un modèle commercial plus simple, plus stable et plus axé sur le client”, a‑t-il déclaré.
Les analystes de JP Morgan ont déclaré que la restructuration était “discutable”, ajoutant que la vente d’actions pour lever de nouveaux capitaux pèserait sur le titre.
Andreas Venditti, analyste de la société d’investissement suisse Vontobel, a déclaré que le plan n’était “que la première étape d’un long processus visant à rétablir la confiance et à restaurer la confiance” des parties prenantes.
“La clé est la détermination et l’exécution qu’aucun autre faux pas ne peut être toléré, et il faudra du temps pour commencer à voir des résultats”, a‑t-il dit.
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