L’une des maladies les plus meurtrières de l’humanité est bien plus ancienne que nous ne le pensons

La var­i­ole a lais­sé une mar­que indélé­bile dans l’his­toire de l’hu­man­ité, tuant au moins 300 mil­lions de per­son­nes au cours du seul XXe siè­cle. Bien que ce virus soit bien con­nu, son orig­ine reste inconnue.

Une équipe de sci­en­tifiques ital­iens vient de repouss­er de 2 000 ans les esti­ma­tions précé­dentes des épidémies de var­i­ole, en ajoutant des preuves his­toriques qui sug­gèrent que la mal­adie sévit dans la société humaine depuis l’An­tiq­ui­té, à l’époque des pharaons. Je l’ai vérifié.

Ces dernières années, les pro­grès de la tech­nolo­gie du séquençage géné­tique nous ont per­mis d’analyser plus en détail des frag­ments d’ADN viral ancien, ce qui nous a rap­prochés de la date et du lieu d’o­rig­ine de la variole.

Grâce à une heureuse décou­verte en Litu­anie en 2016, les sci­en­tifiques ont pu remon­ter la var­i­ole jusqu’au XVIe siè­cle en util­isant de l’ADN viral extrait de restes d’en­fants. En 2020, l’ADN viral extrait de squelettes de l’ère Viking a repoussé la dernière appari­tion de la var­i­ole à plusieurs années en arrière, soit quelque temps avant 1050 après J.-C., four­nissant ain­si une preuve génétique.

Cepen­dant, des sources his­toriques sug­gèrent que quelque chose comme la var­i­ole a frap­pé les sociétés anci­ennes bien plus tôt. Des écrits chi­nois du IVe siè­cle décrivent des symp­tômes sim­i­laires à ceux de la mal­adie, et des momies égyp­ti­ennes mar­quées par la var­i­ole sug­gèrent égale­ment une épidémie de var­i­ole il y a 3 000 à 4 000 ans.

Mais il a été dif­fi­cile de trou­ver des preuves géné­tiques défini­tives (comme une empreinte molécu­laire virale) pour étay­er cette théorie.

Avec suff­isam­ment d’échan­til­lons à com­par­er, les sci­en­tifiques peu­vent encore déduire beau­coup de choses sur le passé et l’évo­lu­tion des virus. On peut voir com­ment les virus ont changé au fil du temps, et à quelle vitesse ou à quel rythme leurs gènes mutent. À par­tir de là, les sci­en­tifiques peu­vent remon­ter l’ ”hor­loge molécu­laire” et déduire à quel moment la ver­sion ances­trale du virus a existé.

La var­i­ole est causée par le virus de la var­i­ole (VARV). Dans cette étude, dirigée par Diego Forni, bioin­for­mati­cien à l’In­sti­tut sci­en­tifique pour la recherche, l’hos­pi­tal­i­sa­tion et la san­té (IRCCS) en Ital­ie, une équipe a procédé à l’analyse géné­tique de 54 échan­til­lons de VARV recueil­lis à par­tir d’ar­ti­cles pub­liés précédem­ment et de bases de don­nées de recherche. J’ai réex­am­iné l’ensemble.

Il s’ag­it notam­ment de qua­tre génomes VARV anciens datant de l’ère des Vikings, de deux génomes VARV his­toriques des 17e et 18e siè­cles et de 48 séquences VARV mod­ernes antérieures à l’érad­i­ca­tion de la var­i­ole en 1980.

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