TECH: Intel officialise une usine à 20 milliards de dollars et voudrait en faire la plus grande du monde

C’est dans l’état améri­cain de l’Ohio qu’Intel va implanter sa future de usine de pro­duc­tion de semi-con­duc­teurs de pointe. Une pre­mière tranche qui coûtera la bagatelle de 20 mil­liards de dol­lars…
C’est offi­ciel : après des rumeurs men­tion­nant New York et l’Ohio, c’est finale­ment ce dernier État améri­cain qui a été choisi par Intel pour l’implantation les deux pre­mières tranch­es de sa future gigafab de semi-con­duc­teurs. Un énorme chantier et un énorme chèque : 20 mil­liards de dol­lars soit, 17,5 mil­liards d’euros.

Quand on par­le de « pre­mière tranche », c’est que si la pre­mière étape con­siste à installer au moins de deux fabs (les usines qui pro­duisent les fameux wafers sur lesquels des machines hors de prix « gravent » les processeurs) en plus d’une unité de pack­ag­ing (assem­blage de puces), Intel a posé une option d’agrandissement. Une sacrée option : Intel pour­rait dou­bler la sur­face util­isée et implanter de 4 à 6 fabs supplémentaires.

Avec entre 6 et 8 fabs, le site deviendrait une « gigafab ». Pop­u­lar­isé par le taïwanais TSMC, cham­pi­on mon­di­al de la pro­duc­tion de puces, une gigafab est un site pro­duisant plus de 100.000 wafers (les galettes de sili­ci­um) par mois, cha­cun de ces wafers com­por­tant plusieurs cen­taines de puces. Des vol­umes qui parais­sent déli­rants, mais qui col­lent aux besoins tout aus­si déli­rants des indus­tries. Rien que pour les iPhone d’Apple, TSMC pro­duit plus de 200 mil­lions de puces par an…

« Nous espérons (que ce site, ndr) devi­enne le plus impor­tant lieu de pro­duc­tion de semi-con­duc­teurs de la planète », a même promis le PDG d’Intel, Par Gelsinger, moins d’un an après avoir pris les rênes de l’entreprise. Le site retenu dans l’O­hio est à New Albany et bien que la con­struc­tion com­mencera dès cette année, ce n’est qu’à par­tir de 2025 que les pre­mières puces sor­tiront des lignes de production.

C’est pour répon­dre au dou­ble prob­lème de pénurie de semi-con­duc­teurs et de perte de sou­veraineté des USA dans leur pro­duc­tion que Pat Gelsinger a lancé l’an dernier sa stratégie de pro­duc­tion de puces appelée « IDM2.0 ». Un plan qui vise à ouvrir les usines d’Intel – qui ne pro­dui­sait jusqu’ici que pour lui-même – afin de se posi­tion­ner en con­cur­rent de TSMC. Con­cur­rent ou alter­na­tive : alors qu’Intel lui-même utilise les ser­vices de TMSC pour la gravure de cer­taines briques (GPU, cer­tains Core, etc.), l’américain veut surtout offrir à ses clients, notam­ment améri­cains, une fil­ière sou­veraine et/ou alter­na­tive en cas de prob­lème. Notam­ment dans l’éventualité d’une offen­sive chi­noise sur le ter­ri­toire de Taïwan, où sont local­isées les usines de pointe de TSMC.

Ce n’est pas le seul site de pro­duc­tion sur lequel Intel investit : le géant améri­cain étend ses capac­ités de pro­duc­tion sur la plu­part de ses sites – Israël, Nou­veau-Mex­ique (USA), Ari­zona (USA) – et pré­pare la con­struc­tion d’une fab en Alle­magne, et de cen­tres de r&d en France et en Ital­ie. Des dizaines de mil­liards de dol­lars, avec le but affiché de devenir le « cham­pi­on occi­den­tal » de la pro­duc­tion de semi-conducteurs.

Si cer­tains ana­lystes, tout en soulig­nant l’explosion des besoins actuels et futurs de pro­duc­tion de puces, émet­tent l’éven­tu­al­ité d’un risque de se retrou­ver en sit­u­a­tion de sur­ca­pac­ité, les investisse­ments d’Intel ont valeur d’assurance pour les gou­verne­ments occidentaux.

En cas de perte de sta­bil­ité de la pro­duc­tion asi­a­tique, les entre­pris­es améri­caines et européennes sauraient vers qui se tourn­er. Dans un monde de plus en plus polar­isé, où la Chine et les USA s’af­fron­tent de manière de plus en plus frontale, l’approche d’Intel pour­rait lui faciliter l’accès à des aides finan­cières de la part des états.

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